Japon : La fin de l'arcade SEGA ?
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Arcades SEGA : La fin de l'aventure au Japon ?
Le Japon est, sans l'ombre d'un doute, LE pays de l'arcade. Et au pays du Soleil Levant, le roi de l'arcade n'est nul autre que SEGA, créateur bien connu du célèbre hérisson bleu Sonic the Hedgehog, dont la prochaine aventure, Sonic Frontiers, sortira prochainement sur toutes les consoles.
Mais le règne sans partage de SEGA semble toucher à sa fin ! Déjà passablement ébranlée par la crise sanitaire mondiale de Covid19, la firme a depuis 2020 du plomb dans l'aile, et cela ne va pas en s'arrangeant !
Plaintes contre le Key Master aux États-Unis
En plus de fabriquer des jeux vidéo depuis des décennies, SEGA confectionne également des bornes d'arcade. Impossible de ne pas citer la plus connue, le célèbre Key Master, que l'on peut fréquemment voir en action dans les salles d'arcade du monde entier, souvent copié, jamais égalé.
Il faut d'ailleurs savoir que contrairement aux attrape-peluches, le poids des récompenses offertes par cette attraction d'arcade ne revêt aucune importance, puisque le fonctionnement du jeu est très différent !
Toujours est-il que le 12 juillet 2021, un certain Marcelo Muto déposait, dans un tribunal de Californie, une plainte contre SEGA et deux autres firmes, Play It! Amusements (également connu sous le nom de Sega Amusements) et Komuse America, ces trois firmes étant co-créatrices de l'arcade Key Master. Leur but était d'assurer la protection du consommateur.
En effet, comme vous le savez certainement, le Key Master est, et a toujours été vendu comme un jeu d'adresse. L'objet du procès était le suivant : selon Muto, le jeu ne reposait en rien sur l'adresse, mais uniquement sur la chance et le hasard, brisant de fait la promesse publicitaire de SEGA.
Le principe du jeu est simple : une sorte de clé doit passer, dans un délai de trente secondes, dans l'interstice de l'un des prix disponibles afin de débloquer ce dernier. Bien sûr, le jeu semble moins axé sur la chance qu'une machine à grappin, le poids des prix n'ayant aucun impact sur le déroulement d'une partie. Selon Muto, cela n'est pourtant qu'illusion !
Sa plainte était d'ailleurs supportée par le propre manuel de la machine. En effet, l'on peut y apprendre notamment que son réglage par défaut implique que l'on ne puisse gagner que tous les 700 essais !
Un autre argument de Muto à ce sujet reposait sur une machine similaire conçue par SEGA plus récemment, mais véritablement basée sur l'adresse du joueur cette fois : le Prize Locker, d'ores et déjà disponible dans certains États où le Key Master était illégal aux yeux de la loi - n'oublions pas que certains États des États-Unis interdisent les jeux de hasard en dehors des casinos, et que le Key Master est clairement un jeu de hasard.
Bref, l'existence même du Prize Locker est, selon Muto, un aveu indirect de la part de SEGA, puisque cette machine était alors principalement disponible dans les États bannissant le Key Master !
Le procès intenté par Muto était d'ailleurs loin d'être le premier ! Et « l'aveu » de Sega s'explique en fait parfaitement lorsque l'on sait que deux ans plus tôt, en 2019, le Key Master faisait déjà parler de lui !
En effet, un vendeur d'arcade en Arizona a déboursé un million de dollars pour porter plainte contre SEGA - qui a par la suite dû rembourser ces frais -, ayant déterminé que les machines Key Master qu'il vendait étaient programmées pour gagner non pas tous les 700, mais tous les 2200 essais !
SEGA ayant perdu ce procès, les Key Master ont été bannis d'Arizona. C'est fort logiquement à ce moment que, préventivement, SEGA a dû décider de retirer ses machines de plusieurs autres États - mais pas de Californie, où Muto a obtenu gain de cause.
SEGA perd donc de nouveau, en Californie cette fois, face à un Muto bien plus demandeur que son homologue en Arizona : notre homme demande en effet pas moins de 5 millions de dollars !
Suite à cette affaire, SEGA décide l'arrêt pur et simple de la production de cette machine (mais si votre passage sur Ma Fête Foraine est motivé par l'achat de machines originales, attrape-peluches ou non, pas de problème, nous avons tout ce qu'il faut), et ne vend plus que son Prize Locker.
La fin des salles d'arcade SEGA au Japon
Tout récemment, une nouvelle décision, entérinée depuis 2020, venait porter le coup de grâce à l'aventure SEGA au Japon. La firme Genda Inc, qui avait déjà racheté plus de 80% des parts de la société dans ses salles d'arcade, implantées dans le pays depuis 1960, vient en effet de finaliser le rachat effectif des salles d'arcade SEGA, ayant acquis toutes les autres parts ! C'est donc une page qui se tourne, plus de soixante ans après la fondation de ces salles, qui connurent leur plein essor dans les années 1990.
Que les habitants du Japon, toujours gros consommateurs d'arcade, se rassurent cependant : en effet, cela ne signifie pas la fermeture des salles. Elles changent cependant de propriétaire - et de nom ! Désormais, les joueurs d'arcade ne se rendront donc plus dans les salles d'arcade SEGA, mais dans les salles d'arcade GiGO (pour Get into the Gaming Oasis), du nouveau nom de la société Genda, Genda GiGO Entertainment.
Cela signifie-t-il que les bornes d'arcade SEGA seront remplacées par d'autres bornes, appartenant à d'autres firmes ? L'avenir seul le dira, mais il est tout de même probable que les bornes SEGA disponibles restent en place quelque temps.
Quant à SEGA, leurs parcs d'attractions japonais Joypolis leur appartiennent toujours, et se portent relativement bien. S'il est vrai que huit de ces parcs - dont le premier fut fondé en 1994 - furent fermés au cours des années, quatre sont encore fonctionnels : au Japon, le parc de Tokyo, en Chine, les deux parcs de Shanghai et le parc de Qingdao, ouverts entre 2014 et 2016.
L'avenir de ces parcs semble d'ailleurs inextricablement lié à la Chine, puisque l'ouverture d'un nouveau parc, à Guangzhou cette fois, originellement prévue en septembre 2021, a été reportée à cette année 2022.
Mais revenons à nos jeux et bornes d'arcade ! Compte tenu de toutes ces informations, peut-on penser que SEGA continuera d'en produire ? Très probablement !
N'oublions pas en effet que lors de la grande époque de la rivalité entre SEGA et Nintendo sur le marché du jeu vidéo, lorsque la SEGA Dreamcast, trop en avance sur son temps, amena le constructeur à cesser la production de consoles, elle continua par ailleurs la production de jeux vidéo, désormais disponibles sur les consoles de tous ceux qui étaient auparavant ses concurrents directs !
De nos jours en tout cas, la firme se porte tout de même assez bien et continue de produire des jeux vidéo, comme en atteste le succès jamais démenti de leur célèbre mascotte, le hérisson bleu Sonic !