Le détenteur du record du monde de Donkey Kong aurait-il triché ?
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Billy Mitchell, meilleur joueur de Donkey Kong de la planète, aurait triché
Parfois, le secteur du divertissement prend un tour légal. C'est le cas pour l'affaire que j'ai décidé de chroniquer aujourd'hui : l'affaire Billy Mitchell. Né le 17 juillet 1965, ce passionné d'arcade accède à la célébrité en entrant dans le Livre Guiness des Records.
Son exploit : Avoir obtenu les meilleurs scores de nombreux jeux d'arcade. Ainsi fut-il le premier joueur au monde à avoir obtenu un score parfait à Pac-Man (le jeu original s'arrête au bout d'un certain nombre de tableaux à cause d'un bug).
C'est en 2018 que s'écroule la légende Mitchell. Tel un cycliste accusé de prise de produits dopants, Mitchell se retrouve accusé d'avoir, pour obtenir au moins une partie de ses records, recouru non pas à une vraie borne, mais à un émulateur, logiciel permettant de reproduire les sensations éprouvées lors d'un jeu vidéo.
Après de nombreux recours, Billy Mitchell est parvenu à récupérer ses titres au Guiness en 2020 ; cependant cela ne signe pas la fin du feuilleton. Twin Galaxies, site spécialisé dans les records d'arcade, ne lui a d'ailleurs jamais rendu les titres qu'il lui avait retirés.
La principale source d'informations concernant les fraudes dont Billy Mitchell est accusé est un site Internet dont le nom de domaine lui a autrefois appartenu. Ironie du sort, après avoir changé de mains plusieurs fois (on se demande d'ailleurs bien l'intérêt, lors de l'une des nombreuses vies du site, de parler de cartes Magic The Gathering en ayant un nom de domaine aussi peu ambigu), Perfect Pac-Man est à présent un blog intégralement pensé pour dénoncer les actions de Mitchell.
Mais a-t-il, ou n'a-t-il pas triché ? L'étude publiée sur Perfect Pac-Man du 6 septembre dernier semble assez claire. L'auteur de cette analyse appuyée par six experts, Tanner Fokkens, démontre en quoi, sur les cassettes vidéo de l'exploit, le champion n'utilise pas une borne classique, mais bien un émulateur MAME.
En quoi le changement de plate-forme pose-t-il problème ?
De nos jours, jouer sur MAME est assez commun, et la plupart des bornes rétro modernes utilisent précisément cet émulateur pour faire tourner des jeux. Le problème qui se pose est le suivant : en principe, la plate-forme où un record est établi est systématiquement spécifiée, ce qui signifie que si demain, sous contrôle d'huissier, je bats un records MAME sur une borne classique, et prétends l'avoir fait avec une borne MAME, je vais avoir des problèmes.
Les records de Mitchell sur Donkey Kong, qui ont inspiré le film King of Kong, datent du début des années 2000 ; or l'émulateur MAME existe depuis cette époque.
Comment sait-on que Mitchell est passé par un émulateur ?
Je vous passe les détails techniques, c'est très long et ça n'intéressera vraiment que les plus passionnés. Plusieurs facteurs sont pris en compte, et tous passent par l'observation des vidéos de Mitchell, et de vraies bornes d'arcade, puisque l'émulateur n'affiche pas le jeu de la même façon qu'une borne. L'analyse porte plus spécifiquement sur l'orientation de la vidéo et les transitions d'écran.
Comme tous les feuilletons judiciaires, l'affaire Mitchell défraye la chronique depuis de nombreuses années. Selon un témoignage de Mitchell récemment publié par Perfect Pac-Man, son médecin refuse à présent de le voir en consultation (techniquement c'est criminel aussi, mais passons) ; il n'en reste pas moins que les procès ne sont pas finis. L'affaire Donkey Kong, elle, semble parfaitement bouclée.