Spreepark, le Mirapolis allemand
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Spreepark, le Mirapolis allemand
J'ai parlé, début 2023, du parc légendaire Mirapolis. Comme j'ai de la suite dans les idées, je vais enfin donner la suite promise au dossier, consacrée à un parc allemand qui a lui aussi subi un curieux destin : Spreepark.
En premier lieu, étant germanophone, j'aimerais demander à toutes les personnes qui prononcent ce nom à l'anglaise d'arrêter. Je sais que c'est tentant, mais c'est un parc germanique.
Alors s'il vous plaît, ne dîtes plus "Spwi park", ça se prononce clairement Chprée. Je vous jure. J'ai fait allemand LV1. J'ai les oreilles écorchées à chaque fois, d'autant plus que la Spree est littéralement une rivière - la rivière principale de Berlin qui traverse la ville, qui plus est - qui donne son nom au parc par proximité.
Revenons à nos moutons et à Mirapolis, car l'histoire de SpreePark est intrinsèquement liée à celle du parc d'attraction des contes et légendes ouvert à Courdimanche en 1987 et fermé en 1991. Là-dessus, une partie des attractions change d'emplacement.
Jusqu'à récemment, en Belgique, à Plospsaland de Panne, on pouvait trouver, telle quelle, la structure du restaurant des Pirates de Mirapolis. Malheureusement le Grill des Pirates de Plopsaland a fermé cette année.
Par contre, allez au parc Fabrikus World, anciennement Europark, situé non loin d'Agde, et vous y trouverez, avec l'Euroloop, la possibilité de découvrir le Miralooping, et pour être très honnête cette seule attraction est un argument à elle seule d'aller visiter ce parc, dont l'univers forain ne sera pas sans rappeler les derniers jours de Mirapolis.
Vous auriez pu jusqu'en 2017 découvrir les sensations de la Ville d'Ys et de son Voyage sous la Mer en visitant l'attraction Universum der Energie à Europa Park. Si ça se trouve je l'ai faite, mais j'étais trop jeune pour m'en souvenir. En fait, je ne me souviens que du Silver Star, et comme ces derniers temps je suis principalement passionné par Mirapolis, je regrette de ne pas m'en souvenir.
Les statues de dinosaures qui furent érigées aux tout derniers jours du parc circulent encore dans des expositions, mais à ce compte-là autant assister aux rassemblements et expositions organisés par les groupes de fans de Mirapolis, ce serait probablement plus pertinent.
Et le reste ? Eh bien, les autres attractions qui n'ont pas disparu en retrouvant les routes des circuits forains sont parties à Spreepark, et c'est là que j'en viens à mon sujet du jour.
À l'origine, Spreepark s'appelait Kulturpark Plänterwald. Située non loin de la rivière Spree, du côté de Berlin, ce parc fut le seul parc ouvert du temps de la RDA à demeurer actif suite à la réunification de l'Allemagne.
En 1991, le parc fait l'objet d'une importante rénovation, ordonnée par la municipalité de Berlin. Rapidement donc, un grand nombre d'attractions de Mirapolis sont ajoutées au parc, à commencer par le fameux Miralooping (qui, avec sa réimplantation en France par la suite, revient donc de très loin), sous le nom Mega Looping Bahn.
À noter que ce type de coaster n'a que trois autres représentants au monde : un à Gardaland au nord de l'Italie (à mi-chemin entre Venise et Milan), un à Diverland au Venezuela, et un, le tout premier jamais conçu, à Efteling, célèbre parc du sud des Pays-Bas, pas si loin de la frontière germanique. Il s'agit du Python.
Ce sont en tout treize attractions de Mirapolis qui sont récupérées par Spreepark, ainsi que le système de transport du colosse Gargantua, qui devait originellement servir à ouvrir un train fantôme, le Geisterschloß. Par manque de budget, le projet ne put aboutir.
Parmi les attractions marquantes de Mirapolis qui se sont retrouvées à Spreepark, on pourra citer la Descente des Rapides, les Tacots Chapeaux, le Mirapolis Express et le Dragon des Sortilèges. À noter que l'attraction emblématique de Spreepark, qui n'a pour le coup rien à voir avec Mirapolis, est sa grande roue. Il va sans dire que contrairement à notre Gargantua, la grande roue n'a jamais été démolie.
On retrouve aussi l'attraction des cygnes, et l'attraction des tasses Nesquick. À l'heure actuelle, les sympathiques visages de Groquick sont défigurés par d'affreux graffitis.
En fait, le parc n'a jamais été démoli tout court, malgré son arrêt en 2001 (pas assez de places de parking, clientèle insuffisante). Son gérant, Norbert Witte, est par la suite parti fonder un autre parc à Lima, au Pérou, mais, suite à une sombre affaire de transport de drogue, a été arrêté.
En 2010, étant donné que des éléments étaient fréquemment volés, ce qu'il restait du projet de train fantôme fut démonté. À noter que les lieux servirent fréquemment de décors pour le cinéma jusqu'en 2014, notamment pour le thriller Hanna...
Car cette année-là, des pyromanes désœuvrés incendient le parc. Sans aucune raison. Cet acte inqualifiable et complètement idiot transforma le parc en ruines.
Dès 2016, un projet alliant art, culture et nature, est lancé par les propriétaires du terrain, avec une ouverture prévue en 2026. Certaines parties emblématiques du Spreepark en font partie : les statues de dinosaure et le petit train de Mirapolis seront de la partie ainsi que la célèbre grande roue (qui a cela dit été démontée en 2021), et Spreeblitz, l'ancien Dragon des Sortilèges, deviendra un chemin praticable.
En attendant, il existe des visites guidées payantes de Spreepark. Les anciennes attractions de Mirapolis sont dans un triste état, mais on peut toujours voir quelques-unes d'entre elles, comme un témoignage du passé.