Que devient le Parc Ghibli ?

Que devient le Parc Ghibli ?

C'est un sujet - parmi d'autres - qui m'intéresse beaucoup. Ouvert en 2022 au Japon, le Parc Ghibli tient-il ses promesses ?

Les fans des studios nippons ont forcément vu la plupart des films de Hayao Miyazaki, et ne seront donc pas étonnés de retrouver dans ce parc des ambiances issues de films aussi célèbres que Mon Voisin Totoro ou Princesse Mononoké.

J'ai pour ma part une nette préférence pour Porco Rosso et pour Le Château Ambulant, et si le premier de ces deux films n'a pas la chance pour le moment d'avoir sa propre zone, le second côtoiera bel et bien Kiki la petite sorcière dans une zone à part entière, et ce à partir de mars 2024.

Et puis vous avez les films du fils. Goro. Ils sont généralement vus comme plus fades que ceux de son père ; quant au paternel on l'a déjà vu s'énerver publiquement contre son fils.

Pourtant, dans ses Contes de Terremer et dans sa Colline aux Coquelicots notamment, Goro a-t-il au moins le mérite de montrer un véritable savoir-faire dans le domaine de l'animation... Mais bon, pour le reste il faut l'avouer, les œuvres de Miyazaki fils n'arrivent objectivement pas à la cheville de celles du père, tant et si bien qu'à titre personnel, je dois bien avouer ne pas du tout me rappeler de ce qu'il s'y passe.

Et si j'en parle ici c'est pour une raison. C'est parce que Goro Miyazaki est le directeur du parc. Et à en croire les premiers retours de clients en 2023, ce parc est... Comme un film de Goro. En demi-teinte.

Certains parcs en Europe subissent de terribles destins, comme ce fut le cas de Mirapolis, Planète Magique ou La Toison d'Or. Ce n'est clairement pas ce qui attend le parc Ghibli, qui bénéficie de l'appui des studios - d'autant plus que Hayao prépare un nouveau film.

Le plus gros argument commercial du parc Ghibli est le suivant : Contrairement au Musée Ghibli de Tokyo, il est autorisé et même encouragé d'y prendre des photos, des spots ayant spécifiquement été aménagés pour cela. C'est beau, c'est vraiment très beau.

Mais c'est surtout - à l'image de bon nombre de productions visuelles japonaises - extrêmement contemplatif. Si vous n'aimez pas le contemplatif et que vous passez par le Japon, vous voudrez peut-être faire l'impasse.

Les problèmes des parcs européens disparus ne se présentent d'ailleurs pas tous ici. Le Parc Ghibli est un écrin de verdure, ce qui à mon sens est son principal argument. Oui, mais : si je veux un écrin de verdure, je n'ai qu'à visiter la première forêt venue.

Il y a un autre problème avec ce parc : si vous sortez d'une zone, vous ne pourrez plus y entrer, sachant que le modèle économique du parc est le suivant : vous payez séparément pour chaque zone. Il existe des tickets combinés, cependant.

D'ailleurs un problème supplémentaire se pose : l'obtention des tickets. En premier lieu, un ticket doit être réservé trois mois à l'avance, ni plus ni moins. En second lieu, tous les types de tickets ne sont pas accessibles aux visiteurs occidentaux, et en troisième lieu le tarif diffère pour l'occident !

Ce n'est pas un problème qu'on rencontre dans d'autres parcs nippons - Disney ou Universal, pour ne citer que les plus connus - mais ceci est extrêmement rébarbatif, d'autant plus que la réservation par Internet est obligatoire : il n'existe pas de caisse sur place !

Quoiqu'il en soit si vous séjournez à Tokyo (et un fan de Ghibli aurait raison de le faire, pour visiter le musée), vous devrez vous préparer à un trajet de trois longues heures pour atteindre le parc. Ça fait six heures aller-retour, à moins que vous ne trouviez un endroit où loger sur place - mais cela représente tout de même beaucoup de préparatifs.

Le parc, qui cible avant tout les familles, a tout de même des ambitions, et si son directeur est Goro, cela se doit d'être analysé. Il semble clair que les studios Ghibli se préparent à un avenir sans Hayao. Né en 1941, le créateur n'est plus tout jeune, et il pourrait même paraître surprenant qu'il ne prenne pas d'ores et déjà une retraite bien méritée... Mais c'est un artiste passionné, on peut donc s'attendre à ce qu'il travaille jusqu'au bout.

Goro lui-même, croyant fermement que son père prenait sa retraite, avait ouvert son parc pour préserver le souvenir de ce dernier... C'était sans compter la créativité du géant de l'animation japonaise.

À partir de ce mois de mars, outre la Zone des Sorcières déjà mentionnée, le parc peut compter sur un véritable chat-bus, véhicule inspiré de Mon voisin Totoro, qui peut accueillir jusqu'à 5 passagers en même temps.

Que va devenir le parc dans les prochaines années ? L'avenir seul le dira. J'espère pour ma part qu'il s'affinera, et que la direction envisagera tout de même quelques attractions à sensation, car en dépit de l'aspect contemplatif, des expositions et des spots photos, c'est bien cela qui manque au parc Ghibli.

Et il y aurait de quoi faire : imaginez seulement un roller coaster Chihiro au pays des Yokai, une expérience en hydravion avec Porco Rosso, un château ambulant qui ne serait pas juste un décor statique, un parcours aquatique Ponyo sur la Falaise... Et ce ne sont que quelques exemples. L'univers des studios Ghibli est si riche !