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De Big Bang Schtroumpf à Walygator, itinéraire d'un parc

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De Big Bang Schtroumpf à Walygator, itinéraire d'un parc

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De Big Bang Schtroumpf à Walygator, itinéraire d'un parc

Les années 80, c'est l'époque du boom des parcs à thème en France. Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Des parcs comme Mirapolis ou Planète Magique furent des cas d'école d'échecs. Parc Astérix et Futuroscope sont toujours debout et en pleine santé. Et puis, entre les deux, il y eut Big Bang Schtroumpf.

L'idée n'était pas dénuée de sens. C'est en 1985 que germe l'idée de ce parc, qui doit prendre la place d'usines désaffectées à Hagondange, en Lorraine, avec l'appui des architectes de Walt Disney World. La licence fut cédée par Peyo à la société Sorepark. C'était un projet à portée politique, car les fameuses usines fermées, la Lorraine se retrouvait dans une situation économique extrêmement périlleuse !

Sur le papier, plusieurs cases sont déjà cochées : situé dans le nord de la France, construit par des gens compétents, et bénéficiant de l'appui d'une licence à la portée internationale. N'oublions pas que la plupart du public américain est persuadé, du fait de l'existence du dessin animé de Hanna-Barbera, que les Schtroumpfs sont une création de chez eux.

Les Schtroumpfs d'Hanna-Barbera

Hanna-Barbera, bien sûr, c'est cette société de production américaine mondialement connue pour des cartoons comme Satanas, Diabolo et les Fous du Volant, Tom et Jerry, Scooby-Doo, les familles Pierrafeu et Adams, Yogi L'ours, ou encore Les Snorkys du dessinateur belge Nic Broca, qui fut un temps auteur de la bande dessinée Spirou.

La fin de l'empire Hanna-Barbera eut d'abord lieu avec l'acquisition de la firme par le groupe fondateur de Cartoon Network, puis se poursuivit par le décès en 2001 de l'un des deux fondateurs, William Hanna, par la suite duquel le groupe finit par être incorporé au sein du groupe Warner Bros.

Tom et Jerry le film (1992)

Mais si en Amérique une licence a su se montrer rentable chez Hanna-Barbera, c'est bien les Schtroumpfs. Entre 1980 et 1991, période cela dit de déclin pour le groupe, ce sont bien les lutins bleus qui ont sauvé la firme du naufrage.

Pourtant, comme le sait très bien le public francophone européen, les Schtroumpfs sont bien sûr cette BD belge de Peyo, qui a démarré suite au succès des personnages dans une autre œuvre de l'auteur, Johan et Pirlouit, d'ailleurs également adaptée à la télévision par la firme Hanna-Barbera.

Johan et Pirlouit - Le sortilège de Maltrochu

Une parenthèse ici pour mentionner mon album préféré des deux séries confondues, qui reste une aventure de Johan et Pirlouit, le Sortilège de Maltrochu. Du côté des Schtroumpfs, ma préférence ne va pas forcément à Peyo mais à l'un de ses repreneurs, puisqu'il s'agit du Schtroumpfeur de Bijoux.

Cela ne m'empêche évidemment pas d'apprécier l'auteur historique et des chefs-d'œuvres comme Schtroumpf Vert et Vert Schtroumpf, le Schtroumpfissime, ou encore le Cracoucass, dont le personnage éponyme était dessiné par le génialissime André Franquin.

Le Cracoucass

Les Schtroumpfs ne sont d'ailleurs pas la seule bande dessinée de style franco-belge à avoir su transcender les médias, puisqu'à la même époque Hanna-Barbera proposait également la première saison du dessin animé Lucky Luke

Malheureusement, à cause de coupes idéologiques, cette première saison perd toute la verve de la bande dessinée, qu'on ne retrouve que dans la seconde, reprise par les européens et hélas moins largement diffusée malgré son excellence.

Dessin animé Lucky Luke - Canyon Apache

Pour revenir à nos petits lutins bleus, le projet initial aurait dû être un parc indoor, au même titre d'ailleurs que Planète Magique. Ce projet avait pour nom : Le Nouveau Monde des Schtroumpfs.

Il faut insister sur la localisation extrêmement bien choisie du parc : la Lorraine est en effet un carrefour de l'Europe, à proximité de plusieurs pays : l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg ; et ce n'est pas tout, puisque le lieu est également situé à proximité de deux axes autoroutiers majeurs.

C'est le 9 mai 1989, un mois après le Parc Astérix, qu'est donc inauguré le parc sous son nouveau nom, Big Bang Schtroumpf. Si Planète Magique et Mirapolis étaient des projets défendus par Jacques Chirac, Big Bang Schtroumpf est pour sa part inauguré par Laurent Fabius et Jacques Delors.

Big Bang Schtroumpf

Au même titre que bien d'autres parcs de l'époque (et au même titre que tous les parcs qui cartonnent), Big Bang Schtroumpf table sur une segmentation en plusieurs zones qui se veulent cohérentes. Ainsi, dans Le Continent Sauvage, pouvait-on s'essayer à la plus grande montagne russe en bois de son temps, l'Anaconda.

L'Anaconda était d'ailleurs une attraction de records : avec ses 110 km/h, c'était alors la montagne russe en bois la plus rapide d'Europe. Une bonne décennie plus tard ouvrait à Europa Park Silver Star, qui, du haut de ses 127 km/h, fut détentrice du record de la plus haute montagne russe en bois d'Europe.

J'ai d'ailleurs eu l'occasion, alors collégien, de dévaler cette fantastique montagne russe avec mes parents. Pour la petite histoire je n'ai plus rien ressenti pendant les trois ou quatre attractions faites ensuite.

Silver Star (Europa Park)

À Big Bang Schtroumpf on citera aussi La Cité des Eaux, zone propice à l'éclaboussement, et Metal Planet et son Comet Space du constructeur Vekoma qui, sous le nom Comet, survécut à l'aventure Schtroumpfs jusqu'en 2013.

Le Comet Space était lui aussi une attraction à record : il s'agissait alors de la montagne russe la plus compacte du continent ! Enfin, citons la Place de l'Europe. C'est sur cette zone que se tenait une parade Schtroumpf tous les soirs d'ouverture !

Avec ces seules zones cela dit, et des attractions aussi variées qu'Odisséa (un raft en bouée) ou Sismic Panic (simulateur de tremblement de terre) l'afficionado des lutins bleus risque d'être désorienté.

Sismic Panic (Big Bang Schtroumpf)

Pour ma part en tout cas, s'il n'y avait la parade et les mascottes, je me demanderais vraiment où sont passés les Schtroumpfs. Fort heureusement on a quand même pensé à inclure leur village, rempli d'attractions ayant véritablement pour thème les petits lutins bleus de Peyo.

Mais Big Bang Schtroumpf a commis l'une de ces erreurs impardonnables que l'on a notamment pu relever chez Mirapolis : les tenanciers ont surévalué le nombre de visiteurs attendus. De plus en plus. Dans les premiers temps, on attendait 800.000 visiteurs et on en a eu 550.000. À la fin, ils étaient persuadés qu'ils allaient atteindre 1.800.000 visiteurs. Douche froide avec 380.000 visites pour la dernière année.

De façon générale, c'est l'incapacité de correctement prévoir le nombre de visiteurs qui a amené à la ruine du parc. Comment aurait-il pu se remettre, lorsque, alors qu'on attendait 45% de visiteurs allemands, ces derniers n'étaient la seconde année que 8% ?

Attraction Tchouschtroumpf à Big Bang Schtroumpf

Une autre erreur vue avec Mirapolis n'a pas arrangé la situation du parc. En effet, la moitié du personnel fut limogée dès la fin de la première année, et remplacée par une équipe sans aucune expérience !

Il n'est pas surprenant que le parc ait déposé le bilan dès 1990. Mais contrairement à d'autres parcs, il a survécu. Dans un premier temps, c'est Eddy Meeùs, propriétaire de Walibi, qui a racheté les lieux.

J'en ai entendu parler dans les années 90 par un membre de ma famille qui envisageait de me faire prendre l'avion et de m'y amener, ça ne s'est jamais fait. Dommage, car la thématisation Schtroumpf fut beaucoup plus poussée qu'aux premiers temps du parc !

Walibi Schtroumpf

Walibi Schtroumpf

Plusieurs hommes d'affaires s'intéressent à Big Bang Schtroumpf. C'est notamment le cas de Roland Mack, gestionnaire d'Europa-Park. Sa demande est déclinée, par volonté de laisser le parc aux mains de français. Cinq autres demandes sont faites par la suite, mais l'idée que le parc demeure complètement français ne put se concrétiser.

C'est donc le groupe belge Walibi qui a hérité du parc. En effet, sur ces cinq demandes, Walibi était le seul à disposer d'une expérience dans le secteur des parcs d'attractions. Le rachat de Big Bang Schtroumpf est finalisé pour 55 millions de francs.

Le parc rouvre dès l'année suivante. La salle de spectacle historique de Big Bang Schtroumpf ferme, mais en contrepartie de nombreuses attractions sont installées, notamment de grands classiques des parcs d'attractions.

Tasses MokaSchtroumpf (Walibi)

De façon générale, un vaste plan de réhabilitation du parc a été mis en place par M. Meeùs, avec 81 millions de francs investis, et l'appui d'un vétéran, Jean-Marcel Thomas, à la direction du parc.

Il est quelque part logique que ce soit un groupe belge qui ait récupéré ce parc. Car qui mieux que des belges peut comprendre l'univers d'une BD belge ? Ainsi, la thématisation a été poussée au maximum. En augmentant les espaces verts, en réduisant de 10 francs le prix des entrées et en offrant la gratuité aux enfants de moins d'1 mètre, le parc propose une offre à la fois cohérente et compétitive, démontrant le savoir-faire de la société désormais en charge.

Pour la première année, on a prévu 400.000 visiteurs. Cette estimation... Suspense... A été tenue ! 

Photo de Walibi Schtroumpf

Il faut dire que l'offre déjà alléchante s'accompagne de nombreuses nouvelles attractions, même s'il est vrai que c'est surtout en 1992 que l'offre du parc s'est grandement élargie. En 1991, on notait surtout l'apparition d'Aquachute, un toboggan à bouées.

1992, c'est l'arrivée dans le parc d'un bateau pirate à bascules, des Tasses Mokaschtroumpf, ou encore de l'attraction qui donnera son nom actuel au parc, Waligator.

... Mais 1992, c'est aussi l'ouverture d'EuroDisney Cette année-là, les prévisions des lutins bleus ne se réalisent pas. Les années suivantes sont un peu plus positives mais restent difficiles, et en 1996, alors qu'un nouveau directeur prend les rênes, il est quasiment impossible pour le groupe de faire entrer de nouvelles attractions, faute de budget.

Walibi - Le Lac des Schtroumpfs

L'année suivante, Walibi cède tous ses parcs à l'américain Premier Parks. Si l'achat est finalisé en 1998, le groupe Walibi lance tout de même une nouveauté en 1997 : Une tour de chute américaine baptisée La Vengeance de Gargamel, thématisée avec des statues du méchant sorcier et de son chat Azraël.

En 2000, Premier Parks change d'identité et devient Six Flags. Cela ne change pas fondamentalement les choses pour le parc Schtroumpfs, toujours aussi boudé par le public.

Malheureusement, la licence Schtroumpf a fini par expirer en 2003. Il a alors fallu supprimer toute la thématisation du parc, ce qui ne s'est pas fait sans mal, puisqu'aujourd'hui encore il est possible en visitant le parc de voir quelques vestiges par endroits.

Gargamel et Azraël à Walibi Schtroumpf

Le parc a d'abord pris le nom de Walibi Lorraine. Choix intéressant, lorsque l'on considère que les autres parcs du groupe Walibi ont, au moins momentanément, été rebaptisés Six Flags. Et, disons-le clairement, en perdant la licence Schtroumpfs, Walibi a aussi perdu toute son identité.

Et si les investissements ont continué les années suivantes, la plupart se sont plus ou moins soldés par des échecs. En 2006, Walibi faisait encore moins d'entrée que Big Bang Schtroumpf en 1989, et peinait à accueillir 250.000 visiteurs.

Walygator

Deux propriétaires de boutiques du parc décident de le racheter, de le renommer Walygator, et d'en faire un parc régional doté d'une âme. Leur première estimation quant au nombre de visiteurs est manquée de peu, malgré les nouveautés incluant Terror House, une maison hantée dont le modèle était unique dans l'Hexagone.

Terror House, la maison hantée de Walygator

Cette attraction a d'ailleurs un parcours atypique : ouverte dans un bâtiment d'origine de Big Bang Schtroumpf, elle a été supprimée en 2012 puis rouverte en 2016, au gré des changements de propriétaires du parc.

Le parc, rethématisé, est divisé en quatre zones : on peut en effet y visiter Le Monde Circul'air, Le Monde des P'tits Bouts, Le Monde de l'Aventure, ou encore celui dont le nom a de loin ma préférence, La Porte du Temps.

Depuis l'ouverture en 2007, Walygator, contrairement à ses prédécesseurs, est toujours debout. Il a connu des hauts et des bas, comme beaucoup de parcs. Des ouvertures d'attractions, des interventions de célébrités (notamment un finaliste de l'émission du groupe M6 La France a un Incroyable Talent), et une fréquentation correcte jusqu'en 2011.

Attraction Anaconda à Walygator

En 2010, le parc fait d'ailleurs une très belle acquisition, en incorporant, sous le nom The Monster, la montagne russe inversée qui a auparavant officié de 1996 à 2007 au Japon sous le nom d'Orochi. Issue du constructeur suisse Bolliger & Mabillard, cette attraction a déménagé pour la simple et bonne raison que sa maison précédente, le parc Expoland, situé à Osaka, a fermé.

Expoland d'ailleurs, parlons-en rapidement, existait depuis l'exposition universelle de 1970. Sa fermeture a été occasionnée par un scandale qui a entaché la réputation du parc, un accident ayant entraîné la mort d'une visiteuse. Le parc n'a pas pu s'en remettre, ses attractions ont été cédées à d'autres parcs, et l'emplacement doit être réhabilité pour l'ouverture d'un parc Paramount.

Montagne russe Orochi

Concernant The Monster, les amateurs de rides ne s'y trompent pas. Ce n'est plus pour Anaconda que l'on visite Walygator, quand bien même cette attraction des premiers jours de Big Bang Schtroumpf soit toujours en place. C'est pour The Monster, qui, à égalité avec une attraction du parc italien Mirabilandia, possède encore un record, celui de roller-coaster inversé le plus long d'Europe.

Le circuit reprend à l'identique celui de l'attraction Raptor, ouverte en 1994 au parc Cedar Point, dans l'Ohio. À noter enfin que dans un classement établi en 2013, The Monster bat à plate couture l'attraction Oziris du Parc Astérix.

The Monster (Walygator)

Pourtant 2012 et 2013 entraînent le parc dans une nouvelle chute, et s'il ne change pas d'identité en soi, il change cependant de nouveau de propriétaires le 6 mars 2013. Bis repetita : Une fois encore, à quelques années correctes succède une année 2017 affichant les pires chiffres de toute l'histoire du parc, et un nouveau changement de propriétaires !

À noter qu'en 2020, Walibi Sud-Ouest, qui ne fait plus partie du groupe Walibi depuis 2015, a rejoint l'aventure Walygator. Le parc Walygator historique, descendant direct de Big Bang Schtroumpf, a de fait été renommé Walygator Grand Est, tandis que l'ancien Walibi devenait Walygator Sud Ouest. Aux dernières nouvelles, ces deux parcs sont toujours debout malgré leurs chiffres qui ne parviennent pas à remonter.

... Et les Schtroumpfs, dans tout ça ? Ont-ils vraiment disparu des loisirs à grande échelle ? Ces dernières années, La Schtroumpf Expérience, parcours immersif mettant en scène nos petits lutins bleus sous leur aspect cartoon du film d'animation de 2017 Les Schtroumpfs et le Village Perdu, a offert à ses visiteurs une excursion magique en plein cœur de l'univers de Peyo.

La Schtroumpf Expérience

Bruxelles, Paris, et le Barcarès, ont été les premières villes accueillant cette expo ultra moderne en réalité virtuelle. Il était prévu que la tournée se poursuive pendant dix ans, mais il semble bien qu'en 2020, la pandémie en ait décidé autrement. À l'heure où sont écrites ces lignes (2023), le site officiel affiche toujours la volonté de tenir le spectacle à Oberhausen en Allemagne dès le... 2 juillet 2020.

Ce spectacle, avec l'aide de marionnettes, d'hologrammes, et à grand renfort de réalité virtuelle, prône entre autres valeurs le développement durable. Dans les parcs d'attractions, les Schtroumpfs sont notamment présents dans une attraction du Parc Spirou Provence, et la licence est vouée à être exploitée par de plus en plus de parcs à travers le monde !


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