Bandai-Namco, dinosaure de l'arcade
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Bandai-Namco, dinosaure de l'arcade
L'entreprise qui a donné le jour à des licences aussi célèbres que Pac-Man, Tekken, Ridge Racer ou Taiko a récemment décidé de faire un don de 100 millions de yen à l'Ukraine (imitant en cela d'autres firmes comme Koei Tecmo Holdings ou encore The Pokémon Company), dans le contexte du conflit qui oppose ce pays à la Russie de Vladimir Poutine.
Pour rester dans l'actualité, ce 1er avril 2022, l'entreprise change de logo, et opte pour un design beaucoup plus sobre. Choix discutable, qui fait évidemment jaser les afficionados de la firme ! Et n'ayant pas de devoir de réserve, je vous le dis de but-en-blanc : je suis d'accord, j'espère que ce nouveau logo est un poisson d'avril.
Cela étant dit, nous avions de longue date prévu de parler de Namco, géant de l'arcade qui allait finir par fusionner en 2006 avec la firme Bandai (marque de jouets possédant des licences aussi fortes que Dragon Ball Z, Gundam, Digimon, Power Rangers ou Tamagotchi pour ne citer que les plus connues).
Et si Namco nous intéresse particulièrement étant donné son passé glorieux dans le domaine de l'arcade, nous ne pouvons pas faire l'impasse sur la firme Bandai, fondée en 1950 par un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, et dont la première percée se fit grâce à la licence Astro Boy. L'exploitation de la licence Mobile Suit Gundam fut le second mouvement d'importance de la firme.
Mais Bandai était également présent dans l'univers des machines de jeux et de divertissement, puisque, dès 1977, la firme se lança dans la commercialisation de machines distributrices de jouets en capsules. Elle breveta d'ailleurs aux États-Unis le terme générique utilisé au Japon pour les désigner : Gashapon.
Brillante idée de la part de Bandai que de se lancer sur ce marché, ayant pour principal concurrent Takara Tommy. En vérité, les Gashapon japonais de Bandai offrent des petits jouets d'excellente facture, et bénéficient surtout non seulement des licences possédées par Bandai, mais de bien d'autres encore par le biais de juteux partenariats.
Quant à Namco, l'entreprise fut fondée en 1955, bref cinq ans après Bandai, et se spécialisa dans la commercialisation de machines de jeu dotées de monnayeurs. Suite à un partenariat avec Walt Disney, Namco put obtenir les fonds suffisant pour se lancer dès les années 60 dans le secteur de l'arcade.
N'oublions pas en effet que le secteur de l'arcade n'a pas attendu les jeux vidéo pour exister, l'explosion du jeu vidéo dans le secteur de l'arcade ayant démarré dans les années 70. C'est donc avec un jeu plus “traditionnel” que Namco s'est lancé en 1965, le titre Periscope.
Il faut toutefois préciser que ce titre à lui seul pourrait faire l'objet d'un grand article, car SEGA a également commercialisé un jeu d'arcade portant ce titre, et, de nos jours encore, il est difficile de trancher qui de SEGA ou de Namco a conçu Periscope en premier lieu.
Ayant racheté en 1974 la division japonaise de la firme Atari (firme américaine qui fut récupérée au début du XXIe siècle par les français d'Infogrames, qui ont conservé jusqu'à ce jour le nom de la société américaine), Namco se lança sur ces entrefaites dans le secteur du jeu vidéo.
Ce n'est d'ailleurs qu'en 1977 que le nom Namco fut fixé, puisqu'auparavant l'entreprise portait le nom de son fondateur, et s'appelait Nakamura Seisakusho Co., Ltd. Namco prospéra quoiqu'il en soit durant l'âge d'or de l'arcade, proposant des titres aussi célèbres que Pole Position, Xevious ou Galaga.
Dès l'année suivante, sur une suggestion d'un employé venu à la société via l'acquisition d'Atari, Namco se développait sur le sol américain, dans la ville californienne de Sunnyvale.
Cet employé, Nakajima, fut nommé président de la branche américaine, qui n'allait pas se contenter d'importer les jeux japonais, mais allait également créer quelques jeux destinés au marché américain.
La venue de Namco sur le marché de l'arcade fut motivée par le grand succès du célèbre jeu de Taito, Space Invaders. Malgré les ventes de jeux Atari, les finances de Namco étaient alors en berne, et il fut donc décidé de se lancer dans l'arcade.
Rappelons encore une fois que nous sommes au Japon, et que l'arcade japonaise n'est en rien comparable avec l'arcade occidentale. Le premier jeu vidéo de Namco, l'arcade Gee Bee, utilisait des éléments issus à la fois de flipper et de casse-briques. Il ne parvint cependant pas à concurrencer Space Invaders.
C'est Galaxian, l'un des tous premiers jeux vidéo incorporant des couleurs RGB, des bonus de score et un système conçu avec l'aide de tuiles, qui fut le premier véritable concurrent du titre de Taito.
Et bien sûr, Namco créa Pac-Man. Alors que les joueurs étaient habitués à des jeux spatiaux, Pac-Man (dont le nom original était Puck Man), qui ne rencontra au Japon qu'un succès d'estime à son lancement, devint dès son internationalisation un succès mondial.
De fait la mascotte de la firme devint également omniprésente dans la culture populaire, personnage jouable de Super Smash Bros, référencé par d'autres jeux vidéo de Namco, apparaissant ainsi sur la casquette de la mascotte Klonoa.
Une parenthèse d'ailleurs sur cette mascotte créée en 1997 pour la Playstation de Sony : pour son 25ème anniversaire, le voyageur des rêves, héros de jeux de plate-forme mignons d'apparence et pourtant si prenants et dramatiques, fait son grand retour, d'abord sur Nintendo Switch en juillet, puis sur tous les autres supports ! S'il vous arrive d'offrir des jeux vidéo à vos enfants, nous vous recommandons chaudement ce titre trop méconnu.
Suite à Pac-Man, le prochain succès de Namco fut le shooter vertical Xevious. D'autres jeux furent créés, notamment Pole Position ou encore The Tower of Druaga. Puis, Namco s'intéressa au marché de la console de salon, sur lequel venait d'entrer la firme Nintendo.
L'aventure de l'arcade continua en parallèle du contrat passé avec Nintendo, qui s'acheva en 1989. Namco commença alors à s'intéresser à d'autres marchés, et livra également des jeux pour d'autres constructeurs, notamment SEGA.
Comme SEGA, d'ailleurs, Namco conçut des parcs d'attraction ; d'abord deux au Japon. Plus près de nous, vous pouvez très bien visiter l'un des six parcs britanniques Namco Funscape, qui ont pas mal de choses à présenter quant à l'arcade.
Et dès 1994, c'est chez Sony que l'on put voir travailler Namco, créant, pour la toute jeune Playstation, plusieurs exclusivités restées cultes, plus particulièrement la série de jeux de course Ridge Racer, et la série de jeux de combat Tekken. On ressent d'ailleurs particulièrement dans ces jeux toute l'expérience arcade de Namco.
Namco fut également créatrice de la série SoulCalibur. Mais bien sûr d'autres jeux mythiques sont signés Namco ; on pensera notamment sur la console GameCube de Nintendo à Baten Kaitos, ou encore à la série bien connue et largement disponible de nos jours encore sur PC des Tales Of.
Mais malgré de gros titres à succès, malgré l'arcade Taiko no Tatsujin, jeu de rythme utilisant des tambours japonais, malgré encore l'OVNI Katamari Damacy sur Playstation 2, les beaux jours de Namco étaient derrière. C'est donc en 2005 que Bandai intervient, et les deux sociétés fusionnent, prenant d'abord pour nom Namco Bandai, avant plus récemment de devenir Bandai Namco.
Ce changement était censé renforcé la valeur et l'attrait de la marque. Ce choix semble surtout démontrer que la fusion s'est faite à l'avantage de Bandai : en toute honnêteté, “Namco Bandai” sonne beaucoup mieux à l'oreille que “Bandai Namco”.
Enfin, l'union fait la force, dit-on. Voilà donc des spécialistes du jeu et de l'arcade, forts de nouvelles licences, et déjà on travaille à un jeu d'arcade basé sur les célèbres mechas de Mobile Suit Gundam. Namco poursuivit son travail dans l'industrie du jeu vidéo en parallèle, et dès 2006 la fusion était terminée jusqu'en Amérique.
Bien sûr, comme toutes les grandes firmes du XXe siècle, Namco dut faire face, en 2020, à la pandémie de Covid19. Leur décision fut sans appel : ils se retirèrent du marché de l'arcade aux États-Unis.
Cependant, Namco est toujours présent dans ce marché aussi bien en Asie que dans notre continent ; de fait, Namco Enterprises Asia et Namco Funscape sont à ce jour les dernières sociétés à utiliser la marque Namco seule dans leurs noms.
Bandai Namco Holdings continue à utiliser cette marque seule pour un certain nombre de produits, notamment des applications pour smartphone, des programmes de streaming, et des événements arcade d'e-sport au Japon.