Comment concevoir un bon parc d'attractions - Cas pratique
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Comment concevoir un bon parc d'attractions - Cas pratique
La semaine dernière, j'ai longuement évoqué Mirapolis, un parc à thème français qui a cumulé bien trop d'erreurs pour être viable, et a fini par fermer ses portes définitivement au bout de quatre ans d'existence. C'est un exemple intéressant car facile à analyser, et même de nos jours certains parcs ont tendance à renouveler l'une ou l'autre des erreurs commises à l'époque.
J'irai plus loin aujourd'hui en vous détaillant comment j'imagine la conception d'un bon parc d'attractions. Pour cela, il est d'abord nécessaire de définir un thème solide, qui peut attirer du public. Puisque nous sommes dans un exemple fictif et que je ne vais payer personne, je peux directement prendre une licence très connue, qui pourrait à mon sens donner lieu à un parc à thème très rentable, si correctement exploitée.
C'est pourquoi j'ai décidé que mon parc d'attractions porterait sur l'univers du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. C'est une très importante licence, et en-dehors de Hobbiton, le village des Hobbits en Nouvelle-Zélande, rien de bien transcendant n'a encore été fait autour. Cela va probablement changer dans un avenir assez proche, donc avant d'en venir à mon sujet, j'ouvre une parenthèse à ce propos.
Y aura-t-il un jour un parc à thème sur le Seigneur des Anneaux ?
L'univers de Tolkien est vaste. Mais si aucun parc à thème n'existe à ce jour à l'exception du village néo-zélandais, il y a bien des raisons.
Notons pour commencer que ce n'est pas sous l'égide de Disney que les hobbits, nains, elfes et autres orques pourraient être mis au goût du jour, car Disney ne possède pas les droits nécessaires. Possesseurs de la Fox, cela ne les a pas empêché de publier le biopic Tolkien.
Le célèbre auteur s'en est sûrement retourné dans sa tombe, et en dépit des éventuelles qualités de ce film, je ne vois pas de raison de s'y intéresser, puisque, comme il l'a confirmé dans plusieurs lettres, J.R.R. Tolkien avait Disney en horreur. Ainsi, dès 1946, se plaignait-il que Richard Horus Engel, l'illustrateur qui souhaitait illustrer son Hobbit pour une version allemande avait un style trop Disney !
En 1964, Tolkien envoyait une lettre dans laquelle il disait « [reconnaître] le talent [de Walt Disney], mais [à ses yeux], cela a toujours semblé désespérément corrompu. Bien que la plupart des “images” produites par le studio soient admirables ou charmantes, l'effet produit par l'intégralité de celles-ci sur [Tolkien] était un effet de dégoût. Certaines [lui] ont donné la nausée. »
En 1965, il écrivait que ni lui ni son éditeur, George Allen and Unwin, ne comptaient donner de droits à Walt Disney. Enfin, lorsque les droits ont effectivement été vendus pour la production de films, Tolkien demanda spécifiquement que Disney ne soit pas impliqué.
En définitive, par le biais des labels Disneyland et Buena Vista, Disney, à la fin des années 70, publia tout de même six produits audio basés sur les adaptations animées du Hobbit et du Retour du Roi, notamment la bande sonore du film d'animation le Hobbit (que je recommande chaudement : contrairement aux films de Peter Jackson, les chansons écrites par Tolkien sont prises en compte, et franchement ça change tout).
Bref, on imagine déjà très mal la moindre attraction Bilbo dans un parc Disneyland - de toute façon Walt Disney a déjà fort à faire avec les licences Marvel et Star Wars, comme l'illustre la récente fermeture du roller coaster Aerosmith à Disneyland Paris, et son remplacement par un roller coaster Iron Man. Pour ma part, Aerosmith me manquera.
Si la présence des Hobbits chez Disney est plus qu'improbable, ce serait plutôt du côté d'Universal Studios qu'il faudrait se pencher. La zone à thème Harry Potter a rencontré un franc succès, et avec les zones Nintendo récemment ouvertes, Universal étend de plus en plus ses univers. N'oublions également pas que Peter Jackson a travaillé sur l'attraction King Kong du parc hollywoodien (à ne pas confondre avec celle du PAL).
Du côté des ayant-droits on a souvent exprimé des désaccords avec l'exploitation de la licence du Seigneur des Anneaux, arguant notamment du fait que les films mettaient de l'ombre sur le travail colossal de l'auteur. Peter Jackson lui-même a un jour dit qu'il ne pensait pas qu'un parc à thème du Hobbit existerait un jour.
Hélas, Christopher Tolkien, le plus important héritier de l'empire Tolkien, est décédé le 16 janvier 2020. Il est donc difficile de prévoir ce que diront les actuels propriétaires de l'empire.
En 2015, on annonçait qu'un parc à thème espagnol appelé la Carmaca (nom hispanique de la région du Comté) serait construit au sud de l'Espagne, du côté de Malaga. Cependant, ils ne bénéficient techniquement pas des droits du Seigneur des Anneaux, le parc n'est toujours pas ouvert, et dans les faits je n'arrive à trouver aucune information à son sujet.
Revenons à Universal Studios. Plus récemment, les rumeurs ont repris, avec l'arrivée du nouveau parc à thème Universal d'Orlando, Epic Universe, dans lequel se trouve notamment la zone Super Nintendo.
C'est depuis 2010 - et les attractions Harry Potter - que les rumeurs existent. Tout cela a démarré par une enquête en ligne, qui demandait aux utilisateurs quels univers ils aimeraient voir développés en zones à thème. Bien sûr, le Seigneur des Anneaux faisait partie des réponses proposées.
La zone à thème était décrite ainsi :
Imaginez un monde très différent de tous ceux que vous avez visités jusque-là. C'est la Terre du Milieu, le magnifique et ancien pays forgé par J.R.R. Tolkien comme toile de fond de ses deux créations les plus célèbres, le Seigneur des Anneaux et le Hobbit. Marchez comme un humain au milieu des nains, elfes, orques et hobbits fidèlement recréés dans l'esprit à la fois des livres et des films. Dans cette zone vous expérimenterez des rides et attractions uniques en leur genre qui donneront vie à l'une des expériences les plus mémorables du monde de Tolkien, incluant le trou de Hobbit de Bilbo, la forteresse d'Isengard (avant sa destruction), et même le monde obscur du Mordor - incluant le terrifiant et volcanique Mont Destin.
Bien qu'il ne faille pas accorder trop de crédit à de simples sondages, cela montre l'intérêt qu'Universal pouvait avoir dans cette licence.
Trois ans plus tard, les rumeurs avaient enflé, et l'on pensait qu'à la fois Universal ET Disney allaient signer pour intégrer ce thème dans leurs parcs respectifs.
Du côté Disney, on pensait qu'ils voulaient entrer en compétition avec Harry Potter - mais comme déjà dit auparavant, les chances pour que Disney récupère cette licence sont risibles. Chez Universal, on imaginait que Toon Lagoon, l'une des zones du parc, serait rethématisée.
Un combat légal sur ce sujet prit d'ailleurs place entre les studios cinématographiques et les héritiers Tolkien, entre 2012 et 2017.
La conclusion de cette bataille légale donnait raison aux studios Warner Bros, donc de nouvelles rumeurs virent le jour. C'est aussi à cette époque qu'Amazon a commencé à travailler sur sa série.
Toujours est-il qu'en 2018, plus d'un an avant l'annonce du parc Epic Universe, le blog Disney and More, parlant de ce parc au détour d'un billet, dit qu'« une zone à thème Seigneur des Anneaux est largement considérée comme l'une des zones de ce quatrième parc ».
En 2020, quelques mois après l'annonce d'Epic Universe, le site Theme Park University annonçait qu'Universal « travaille paisiblement sur une zone du Seigneur des Anneaux », reprenant en bloc l'ancienne rumeur de la zone Toon Lagoon.
Selon l'article, cette zone comprendrait « une recréation élaborée du Comté, incluant Cul-de-Sac, le domicile de Bilbo Bessac, et deux ou trois rides. Dans ce concept, l'attraction Dudley Do-Right's Ripsaw Falls était supprimée, et la taille de l'attraction Popeye était doublée.
Toujours est-il qu'en cette année 2023, on parle de plus en plus de l'ouverture d'une zone Seigneur des Anneaux dans le parc Epic Universe.
Il reste deux zones non-exploitées sur le terrain du parc. La première, derrière la zone Super Nintendo World, mesure 7 hectares. La seconde, qui jouxte les zones Harry Potter et Dragon, en mesure 20. Les rumeurs voulaient qu'Universal conservait cette zone pour une licence de la taille de Harry Potter.
En 2019, les spécialistes pensaient qu'une telle zone, si effectivement dédiée au Seigneur des Anneaux, pourrait être divisée en deux sections. L'une évidemment basée sur Cul-de-Sac, l'autre sur Fendeval, elfique demeure d'Elrond (mieux connue par les anglophones sous le nom Rivendell), telle que représentée par les films de Peter Jackson. Un endroit plus qu'approprié pour des boutiques et un restaurant.
Mais si des attractions comme « la chute de Gandalf » ou « l'évasion de la Moria » auraient pu avoir leur place dans une zone Seigneur des Anneaux en 2019, il faut à présent compter avec les Anneaux de Pouvoir, qui pourraient changer considérablement la donne.
Alors, une zone Seigneur des Anneaux à Universal ? Cela reste fort possible, mais nous ne sommes encore une fois que dans les rumeurs. Elles semblent se concrétiser de plus en plus, à surveiller donc.
Mon parc à thème du Seigneur des Anneaux
Pour les besoins de mon propos, j'en reste de toute façon au Seigneur des Anneaux ; d'autant plus que ce n'est pas une seule zone que je veux concevoir, c'est bien un parc à thème intégralement pensé autour de l'œuvre monumentale de J.R.R. Tolkien.
Je tape déjà sur une licence énormément connue, qui est régulièrement remise en avant : Peter Jackson, avec ses deux trilogies de films, puis Amazon, avec la série Les Anneaux de Pouvoir, ont ainsi pour beaucoup contribué à lui donner encore plus de popularité.
Cette licence a le potentiel pour donner lieu, à vrai dire, à un parc international d'entrée de jeu, pour peu que les investissements soient à la hauteur. Pourtant, je ne prendrais pas ce risque. Il faudrait tout de même s'assurer que le public soit au rendez-vous.
Comment, donc, vais-je concevoir mon parc à thème du Seigneur des Anneaux ?
1. Déterminer le terrain
Les meilleurs parcs d'attractions en Europe sont plutôt situés dans des pays (ou, si on se limite à la France, dans des régions) du nord. Cela est justifié par de nombreuses études d'époque, qui devraient encore être valables de nos jours. C'est l'organisation des familles et l'organisation du travail notamment qui amènent une demande de lieux de divertissements carrés, où l'on peut facilement passer un ou deux jours.
Le climat aussi joue un rôle. Dans les régions sèches ou arides, dans les pays du sud ou méditerranéens, on trouve des parcs, évidemment, mais - sauf exceptions - on ne trouve généralement pas de parcs très connus. Et les parcs qui fonctionnent le mieux dans ces régions sont généralement des parcs aquatiques.
Une autre chose à prendre en compte est le prix du terrain. C'est une autre raison pour laquelle éviter le sud : C'est horriblement cher ! Pour le même prix, préférez-vous 5, ou 50 hectares ?
Il nous faut déjà une bonne surface. Il faut pouvoir disposer d'au moins une bonne quarantaine d'hectares, MAIS ne pas tout exploiter directement. Faire les choses petit à petit, de façon logique et rationnelle, en fonction de la mise de fonds initiale et des retours sur investissement.
2. Prévoir la végétation
L'été, peu importe l'endroit, est difficilement vivable, et c'est une raison supplémentaire de ne pas viser de régions trop chaudes - sauf si vous voulez faire un parc d'intérieur climatisé, mais là on n'est plus dans le sujet.
La végétation doit absolument être intégrée dans les plans, et absolument exister dès le début. Il existe plusieurs solutions, par exemple travailler dans une zone où la végétation existe déjà. Si vous achetez directement une forêt et élaguez un peu (de façon responsable, hein), vous gagnerez beaucoup de temps et le public en sera très reconnaissant !
Clairement pour moi le parc Ghibli, qui s'est précisément implanté dans un parc naturel, est un modèle absolu de réussite à ce niveau. Ne négligez surtout pas la végétation et l'ombre. C'est peut-être même plus important que la thématisation !
3. Concevoir les zones à thème
• Conception des mascottes
Nous y voilà. Ce que nous voulons pour réussir notre parc du Seigneur des Anneaux, c'est une thématisation réussie.
Les univers de Tolkien sont surtout connus pour leurs représentations cinématographiques, et puisque mon exemple est fictif je pars du principe que je dispose de tous les droits nécessaires. On va donc rapidement parler mascottes.
Pour ma part je ne suis pas très fan de mascottes en costumes type Mickey, Astérix ou Bugs Bunny, mais il est vrai que ce type de prestation rencontre souvent du succès auprès des enfants.
Le cas du Seigneur des Anneaux est assez simple. Il est à peu près impossible d'imaginer des mascottes représentant les hobbits ou les nains, qui sont des créatures de très petites tailles, bien qu'ayant des corps proportionnés par rapport à un adulte humain.
Le nanisme n'a d'ailleurs rien à voir avec les nains de fiction, qui n'en restent pas moins par définition deux fois moins grands qu'un humain, au même titre que les hobbits.
Bref il me semble complexe d'inclure des mascottes représentant les hobbits ou les nains. Pour les autres personnages c'est jouable, et j'en viens au fait : vu le thème, je n'utiliserai aucun costume de foire. Non, Gollum ne sera pas un énième Mickey.
Ce qu'il faut, c'est littéralement du cosplay. Ce sont des gens qui ressemblent trait pour trait aux personnages de Peter Jackson, puisque c'est surtout ainsi que le grand public imagine l'univers de Tolkien. Plus de fantaisie pourrait être mise dans les personnages que Peter Jackson n'a pas repris.
Aragorn, Legolas, Gandalf, l'homme-ours Beorn, l'excellent Tom Bombadil et la fille de la rivière, et pourquoi pas les antagonistes, de Saruman à son sous-fifre à la langue de vipère, Elrond évidemment, c'est un vaste univers avec beaucoup de personnages, et tout ce qui est de petite taille peut parfaitement être intégré en animatronique.
• Thématisation
J.R.R. Tolkien réalisa de nombreuses cartes de sa Terre du Milieu. J'utiliserais volontiers ces cartes comme base pour créer un parc cohérent, articulé dans un premier temps en quatre zones - d'autres pourraient ensuite être créées par la suite :
- Le Comté (et Hobbiteville)
- La forêt de Galadriel
- La Moria
- Le Mordor
Vous noterez que dans le cas de la forêt elfique, je n'utilise pas les termes exacts de Tolkien, ni même ceux du traducteur français, Daniel Lauzon. Pourquoi ? Parce que le nom Galadriel reste mille fois plus évocateur pour le grand public que le nom Lórien.
Chaque zone devrait être facilement reconnaissable, et avoir des décors appropriés. De même, les attractions devraient avoir des thèmes en rapport avec les zones.
D'un autre côté, rien n'interdit d'amalgamer plusieurs endroits similaires : une attraction basée sur les araignées du Hobbit aurait très bien sa place dans la zone Galadriel ; un Gollum en animatronic pourrait très bien défier les visiteurs à un concours de devinettes dans une grotte de la zone Moria ; Orthanc, la tour de Saruman aurait très bien sa place dans le Mordor, même si ce n'est pas à cet endroit qu'elle se trouve dans la fiction.
De façon générale, un parc à thème, tout en cultivant le sens du détail, doit aussi proposer des décors compréhensibles et accessibles à tout public, ce qui signifie non seulement que des coupes doivent être faites, mais encore qu'un nombre limité de lieux doit être exploité, afin que le plus grand nombre s'y retrouve.
Les lieux emblématiques de la Terre du Milieu sont nombreux et n'ont pas besoin d'être tous d'entrée de jeu représentés dans mon parc. Je sais que la demeure de Bilbo et la maison d'Elrond y seront, mais représenterai-je celle de Beorn ?
Tom Bombadil est indubitablement l'un des points forts du récit de Tolkien, malheureusement ce personnage a été impitoyablement retiré du récit par Peter Jackson, donc le grand public ignore jusqu'à son existence. Une mascotte Tom Bombadil peut exister dès l'ouverture, mais une attraction basée sur ce personnage devra attendre que le parc s'étende.
Dans le décor, mettons également trois statues de trolls en apparence de pierre grise - les lecteurs du Hobbit apprécieront franchement.
• Choisir les bonnes attractions
Il existe de nombreux types d'attractions. Certaines sont vues et revues, d'autres sont plus uniques. Dès l'ouverture, un bon parc devrait avoir la possibilité de proposer au moins quatre montagnes russes.
De Mack Rides à Intamin en passant par Zierer, nombreux sont les constructeurs d'attractions. L'italien Zamperla est très présent, mais j'ai constaté que les amateurs de parcs d'attractions n'étaient pas forcément friands de ce constructeur. En tout cas je ne m'engagerais pas à placer un Disco Coaster dans mon parc, puisque six parcs français proposent déjà ce type d'attraction.
Avec un thème comme le Seigneur des Anneaux, il y a des choses à faire y compris avec des types d'attractions très connus, cependant, donc je ne vais pas non plus jeter le discrédit sur des attractions déjà vues ailleurs, qui peuvent être efficaces. Comme partout, c'est une question d'équilibre.
La zone Hobbiteville devrait donner l'impression de l'effervescence autour de l'anniversaire de Bilbo Bessac, tel que décrit dans la récente traduction de Daniel Lauzon du premier chapitre du Seigneur des Anneaux. (Vous me permettrez de lui faire de la pub, n'ayant jamais réussi à lire plus de quelques pages de la traduction précédente et ayant littéralement dévoré celle-ci, de très loin supérieure à un texte qui m'avait auparavant systématiquement amené à décrocher.)
Cet événement festif justifie amplement, outre la représentation du village en lui-même, de placer là des attractions orientées familles et enfants, rappelant une fête foraine. La petite taille des Hobbits en elle-même justifie la multiplication d'attractions pour les enfants, à commencer par le traditionnel carrousel. Mettons aussi une grande roue et des tasses tournantes.
Le spectacle pyrotechnique de Gandalf pourrait donner quant à lui lieu à un dark ride immersif à proximité de la maison de la famille Bessac, ou même à un véritable spectacle pyrotechnique nocturne en haute saison.
La Moria fait partie de l'offre de mon parc, parce que, région montagneuse, elle est propice à un roller coaster souterrain (ou, si trop compliqué à mettre en place, à un cinéma 4D sur le même thème) et à une attraction basée sur les énigmes de Gollum, notamment.
La forêt elfique nécessite une bonne végétation d'entrée de jeu, mais pour ce point-là je ne vous prends pas en traître, un parc sans végétation n'est pas un parc, c'est un parking. Dans un tel espace, j'imagine un vol au-dessus de la végétation (similaire à une attraction du parc Terra Botanica d'Angers), mais encore un labyrinthe au fond duquel on trouverait le miroir de Galadriel.
Un palais elfique inspiré cette fois des elfes du livre Le Hobbit complèterait admirablement l'offre. J'aurais bien mis ici une attraction basée sur les araignées que Bilbo combat avec sa dague ; cependant il me semble plus intelligent de garder cela pour le Mordor - je reviendrai là-dessus dans quelques paragraphes.
À proximité du palais elfique, un log flume (attraction aquatique sur bûches), thématisé autour de l'évasion de Bilbo et des nains dudit palais. La file d'attente se ferait d'ailleurs dans une partie du palais, et la sortie de l'attraction mènerait à une autre zone, soit Hobbiteville, soit le Mordor.
Entre la forêt elfique et le Mordor justement, je verrais bien une zone un peu tampon qui pourrait servir d'aire de pique-nique, avec des animatroniques représentant les ents, ces hommes-arbres géants, et une narration audio enregistrée assurée par leur digne représentant Barbebois.
La zone du Mordor est un espace parfait pour représenter la caverne du dragon Smaug, pour commencer. J'imagine ici un coaster avec du feu craché par un animatronique gigantesque représentant Smaug sur son tas d'or, mais bien sûr ce type d'élément doit être parfaitement maîtrisé pour assurer aussi bien la sécurité de chacun que la résistance des matériaux impliqués.
Dans le Mordor encore je veux donc une attraction basée sur les araignées, plus particulièrement sur leur boss finale, la terrible Araigne. En effet, la rencontre avec celle-ci par Frodo Bessac et Sam Gamgie est particulièrement marquante. Un parcours angoissant serait du meilleur effet.
Et qu'en est-il de Sauron ? À votre avis ? Bien sûr que sa tour doit être une tour de chute surmontée d'un œil gigantesque. Il ne peut en être autrement.
Toutes ces idées, avec d'autres, pourraient former l'essentiel du parc. Le problème ici reste d'avoir les financements adéquats. Mais que ce soit bien clair : si le parc doit être bâclé, ce n'est même pas la peine. Notre objectif est de vendre du rêve, pas la foire du village le plus proche.
Un bon parc à thème doit offrir quelque chose qui soit à la hauteur de ses ambitions, quitte à proposer très peu la première année - mais dans ce très peu, il doit définitivement y avoir quelque chose qui retienne les gens et leur donne envie de revenir.
4. Définir les espaces de restauration
Très friand de parcs d'attractions, il y a un point qui me fâche quasi-systématiquement, et ce point, vous l'avez compris, c'est la restauration. Pourquoi sommes-nous condamnés à manger mal, pourquoi sommes-nous condamnés à manger cher ?
Pourquoi dans n'importe quelle ville de France puis-je trouver des restaurants avec des menus entrée-plat / plat-dessert d'excellente qualité à moins de 15 euros, et pourquoi dois-je en payer plus du double pour un truc à peine comestible ?
Il n'y a qu'à Vulcania que j'ai bien mangé. Partout ailleurs les prix et la composition des menus m'ont fait me demander si je n'allais pas juste tout rendre après une attraction mouvementée, et les âmes sensibles m'excuseront. Et quand je dis partout, je dis bien partout. C'est pourquoi je ne me fais plus d'illusion, j'emporte mon pique-nique lorsque c'est permis.
Mon parc d'attraction autorisera les pique-niques d'ailleurs. Et vendra des bouteilles d'eau Cristalline 50cl à 32 centimes l'unité. En magasin, ces bouteilles valent systématiquement moins de 20 centimes. Marre de payer des bouteilles au prix de l'or.
Bref, j'arrête ici d'être salé. En premier lieu, je vais déjà vous le dire, je veux thématiser mon offre de restauration. Il existe plusieurs livres de recettes inspirées des univers de Tolkien. Cela pourrait déjà être une source d'inspiration intéressante.
L'offre de Vulcania est intéressante en ce sens qu'on y trouve seulement quatre espaces de restauration, et que chacun de ces espaces est adapté à un budget différent.
Mon idée est de proposer une offre similaire, avec d'abord une sandwicherie dans la zone elfique (le pain y serait systématiquement appelé Lembas, et serait d'ailleurs intégralement cuisiné sur place avec de la farine locale), une brasserie à Hobbiteville (le jardin de Bilbo pourra par ailleurs être utilisé comme terrasse à ladite brasserie, couverte par des bâches de tentes), et un restaurant de très haute gamme dans la Moria. Pas d'espace restauration dans la zone Mordor, parce que bon, la cuisine gobeline c'est pas non plus extrêmement réputé.
Cela dit, il y aura évidemment de petits stands de restauration dans toutes les zones. Le chaland doit tout de même pouvoir trouver des boissons, des crèmes glacées, des sucreries voire des hot-dogs et des barquettes de frites.
Nos espaces restauration étant définis, pour le prix de nos produits évidemment faits maison, au risque de choquer les industriels chagrins, voilà comment j'envisage les choses :
• Prix d'une sandwicherie
Les sandwichs à partir de 2,99€. Un menu sandwich-dessert-boisson pour moins de 6 euros. On fait payer un supplément si le client demande un dessert ou une boisson plus chère, non incluse dans l'offre.
À noter que dans la mesure où ma sandwicherie se veut elfique, le menu végétarien sera particulièrement mis en avant. Il n'y a rien de militant là-dedans, car bien que les elfes de Tolkien ne soient pas végétariens, l'environnement forestier se prête vraiment bien à cela. Par ailleurs, une offre végétarienne est toujours bien vue par le public.
• Prix d'une brasserie
7 euros le plat. 12 euros le menu entrée-plat / plat-dessert. Assez peu de choix, cuisine de saison, comme dans tout bon restau français qui se respecte. On ne néglige pas de proposer le traditionnel poulet-frites et le café, certaines personnes ne jurant que par ça.
Tant que je suis sur la brasserie, je m'éloigne un peu de Tolkien, mais s'il doit y avoir un choix de pâtes, je serai aussi intransigeant qu'un italien. La Carbonara c'est sans crème, sinon c'est pas une Carbo.
• Prix du restaurant gastronomique
Vous pouvez y aller sur des gros tarifs. La plupart du public se dirigera plutôt vers la sandwicherie ou la brasserie. Le restaurant marchera forcément si vous vous associez à un chef de renommée, capable de créativité et de proposer des plats d'une finesse à nul autre pareil (et tant qu'à faire, cohérents avec le thème du parc).
C'est pourquoi j'envisage de proposer un menu découverte à 30 euros, un menu connaisseurs à 80 euros, et un accord des vins en supplément pour 120 euros. Je trouve même que le menu découverte pourrait être un peu plus cher, mais l'idée ici est de ne pas trop fermer non plus l'accès au restaurant haut-de-gamme.
5. Définir mes prix d'entrée
Là, c'est très simple. J'ai une très forte licence, mais j'ai peu d'attractions à l'ouverture. Le prix d'entrée de mon parc doit être proportionné à son offre. La première année, le billet adulte plein tarif sera vendu 18 euros. Billet à tarif réduit (enfants, seniors, demandeurs d'emplois, personnes à mobilité réduite et leur accompagnateur), 12 euros. Le passe saisonnier sera vendu 45 euros.
Les prix n'augmenteront pas significativement par la suite, tant qu'un certain seuil d'attractions n'aura pas été dépassé. Et, au fait, le billet acheté sur place bénéficiera systématiquement d'une réduction symbolique d'un euro si une attraction ne fonctionne pas de la journée.
L'idée est très simple. Je veux faire un parc de qualité, avec des quantités de clients. Comment avoir des quantités de clients ? En étant ultra-concurrentiel sur les prix pratiqués. Assurez-vous aussi de la gentillesse de votre personnel sur place, et vous avez le combo gagnant.
Tout est question d'équilibre. Si vous vendez vos billets peu cher, vous aurez plus de clients, donc plus de rentrées d'argent que si vous faites payer, mettons, le tarif de Disneyland Paris.
6. Confier la gestion à des professionnels
On a constaté avec l'exemple de Mirapolis que le parc n'a réussi à tourner à peu près correctement que sous l'égide du Club Med. Ce n'étaient pas des pros du divertissement, mais ni les premiers gérants, ni les forains qui ont succédé n'ont réussi à faire tenir le parc dans la durée. De fait, le fait que le parc ait changé de main à plusieurs reprises a été un réel frein à son expansion, et l'une des raisons en dernière analyse de son échec.
On a tous droit à l'erreur, et certains parcs payent probablement le prix fort d'un mauvais lancement, ou d'une mauvaise gestion la première année, c'est pourquoi je n'en veux à personne d'essayer de s'améliorer en changeant l'équipe dirigeante. Par contre une fois que vous avez défini une bonne équipe, n'allez pas nous la changer tous les ans, votre parc va forcément couler le cas échéant.
Pour la gestion de mon parc, je veux donc prendre le temps de recruter une équipe constituée de professionnels du divertissement, qui sauront ensuite prendre les meilleures décisions et étendre le parc dans les bonnes directions. Les zones à thèmes clairement définies dès le début faciliteront leur travail, car il sauront précisément où poser de nouvelles attractions, et ne devront pas galérer avec un parc patchwork dénué de cohérence. Ainsi une attraction Tom Bombadil pourra-t-elle sans mal prendre racine entre Hobbiteville et la forêt elfique.
Confier la gestion à des professionnels, cela veut aussi dire permettre la présence de bons techniciens pour s'occuper de la maintenance des attractions et du parc dans son ensemble. C'était une erreur de Mirapolis dans ses derniers jours : la dernière équipe en charge ne s'est pas souciée de la maintenance, donc les attractions sont toutes tombées en panne les unes après les autres.
Conclusion
Je ne me prétends à vrai dire pas professionnel des parcs d'attractions. Cet article a été rédigé sur la base de simples constats. Il suffit parfois d'observer les réussites et les échecs des autres pour en tirer des conclusions.
Un bon parc d'attractions ne doit pas seulement compter sur un thème fort et reconnaissable par le grand public - d'ailleurs tous les parcs ne font pas cela, et certains parcs sans thème réellement défini s'en sortent assez bien.
Un bon parc d'attractions doit surtout avoir une âme propre, et cela passe par une thématisation impeccable, des zones clairement définies, une bonne bande-son, un choix d'attractions susceptibles d'attirer aussi bien les familles que les spécialistes de coasters, un prix à l'entrée proportionné à l'offre, et une restauration de qualité. En vérité, ce dernier point ayant tendance à être quasi-systématiquement négligé, vous auriez un véritable avantage concurrentiel à le prendre en compte.
La proximité de complexes hôteliers et de réseaux de transports est également vitale si vous voulez développer votre parc au-delà d'un simple niveau régional.
Si un lecteur se sent soudain l'envie de créer le parc d'attractions Tolkien, j'espère qu'il prendra en compte mes recommandations et nous enverra un mail, ainsi qu'un passe saisonnier gratuit ;)